La rivière Aussoue
L'état des lieux
La rivière Aussoue est l’un des deux principaux affluents de la Save (l’autre étant la Gesse). Elle prend sa source dans les coteaux Haut-Garonnais sur les communes de Salherm et Lilhac (31) et rejoint la Save, 34,5 km plus loin, entre Samatan et Labastide-Savès (32). L’Aussoue est une rivière de coteaux sur environ deux tiers de son cours et de plaine le tiers restant. Proche de sa zone de source, sur la commune de St Frajou, elle accueille un barrage. Cet ouvrage permet l’alimentation en eau de la rivière toute l’année.
La barrage de St Frajou (31)
Cependant, ce régime hydrologique artificiel n’a pas que des effets positifs. Le besoin en eau de l’irrigation agricole durant la période estivale nécessite des débits conséquents pendant 12 à 16 semaines. Ces débits sont bien supérieurs au un débit moyen naturel, ce qui génère un déséquilibre morphologique de son lit : l’incision. Ce phénomène désigne un enfoncement rapide du lit du cours d’eau dû à l’érosion de son fond. Cette incision engendre d’abord la perte des matériaux constituant le lit et un enfoncement de la nappe alluviale. Puis rapidement, les berges deviennent de plus en plus verticales provocant la déconnexion entre l’eau et les racines de la végétation bordant le cours d’eau, une perte significative des habitats aquatiques et des glissements de berges.
Le lit dégradé de l'Aussoue
Ainsi, il s’agit d’une dégradation généralisée de l’état écologique du cours d’eau et l’Aussoue n’échappe pas à la règle. Son état écologique est classé mauvais par les services de l’Etat, à juste titre.
Partant de ce constat, le SYGESAVE s’est posée une question : Sur quel(s) paramètre(s) est-il possible d’intervenir rapidement pour améliorer la situation ? Une seule réponse : la renaturation du cours d’eau, c’est-à-dire le réaménagement de son lit en créant des habitats pour la faune aquatique.
La création d'habitats aquatiques
Avant de se lancer dans un vaste programme d’aménagement, les techniciens de rivières du SYGESAVE devaient définir les habitats les plus propices au développement de la faune aquatique.
Pour cela, en 2019, le SYGESAVE a aménagé une zone test de 200 m dans l’Aussoue sur la commune d’Agassac. S’agissant de parcelles privées, l’intervention n’a été possible qu’avec l’accord de M. Lafforgue, propriétaire riverain. Ainsi, l’équipe technique du SYGESAVE a mis en place une vingtaine de modules (micro-seuils de fons, épis, caches sous berge...), sans avoir recours à des engins mécaniques et en prélevant un maximum de matériaux sur place (bouts de troncs, branchages, petites souches…). Ce chantier de 4 jours, réalisé à faible coût (3 180.00 € TTC), n’a pas profondément changé le lit de l’Aussoue mais a apporté de la diversité sur les profondeurs d’eau, les courants, les caches et les zones de refuges. Au sein du lit « mouillé », le changement de dynamisme est net.
Création de micro-seuils de fond et d'écoulement diversifiés
Le suivi de l’état écologique
Pour évaluer l’efficacité des aménagements, le SYGESAVE a mis en place un suivi par IBGN, Indice Biologique Global Normalisé, qui consiste à prélever et analyser les insectes aquatiques, selon un protocole précis. Les espèces présentes et le nombre d’individus déterminent une note représentative de l’état biologique du cours d’eau.
Un premier IBGN a été réalisé en 2019, avant travaux, avec une note de 8/20. Ce résultat détermine un état biologique mauvais. Lors des prélèvements, 3 petites écrevisses exotiques américaines ont été capturées. Cette information n’est pas anodine car les écrevisses exotiques impactent de façon significative la faune aquatique que ce soit chez les invertébrés ou chez les poissons. Cela a obligé le SYGESAVE à se pencher sur un protocole pour rechercher le degré de colonisation du milieu par ces écrevisses et déterminer la ou les espèce(s) présente(s).
En 2020, donc un an après les travaux, un nouvel IBGN a été réalisé sur la zone avec un résultat de 9/20. Il s’agit d’une faible amélioration et la présence des écrevisses exotiques est confirmée.
Réalisation d'un suivi IBGN (gauche) et gammare (Gammarus pulex) retrouvé lors du suivi IBGN 2022 (droite)
En 2021, le SYGESAVE met en place un protocole de suivi des écrevisses en partenariat avec les Fédérations de pêche du Gers et de Haute Garonne. Les premiers résultats révèlent que l’écrevisse de Californie (Pacifastacus leniusculus) est bien installée sur l’ensemble de l’Aussoue. De gros sujets ont été retrouvés : entre 10 et 14 cm, taille prise de l’extrémité de la tête au bout de la queue, sans les pinces. Cette espèce à majorité carnivore prédate les invertébrés, les batraciens et les poissons. Son impact sur la faune aquatique est significatif donc fausse les résultats des IBGN et des pêches électriques.
Ecrevisses de Californie (Pacifastacus leniusculus)
L’Aussoue est donc confrontée à deux problèmes : la dégradation de son lit et l’invasion d’une espèce exotique.
La zone aménagée, quant à elle, a subi les crues de 2020, 2021 et 2022 sans être détruite. Cela a même permis de mettre en évidence les aménagements améliorants et résistants aux conditions hydrauliques de l’Aussoue. Ces aménagements ont façonné un cours d’eau plus fonctionnel d’un point de vue écologique. Si les résultats du suivi IBGN de 2020 ne montrent qu’une faible amélioration, les résultats de 2022 devraient donner des réponses plus concrètes. Le suivi IBGN a été réalisé en juin et l’analyse des données est en cours. Les résultats paraitront à la rentrée.
L’amélioration de l’état de l’Aussoue reste, quoi qu’il en soit, un objectif prioritaire pour le SYGESAVE, qui poursuivra ses actions et ses suivis tout au long du Plan Pluriannuel de Gestion 2022-2027.